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Histoire d'Objets - Le trésor de Mâcon
IL Y A 250 ANS, LA DECOUVERTE DU TRESOR DE MÂCON
Les mystères du trésor de Mâcon. 1764, aux environs du 1 mars, lors de travaux de remblai pour la construction de l’Hôtel Dieu de Mâcon, un vigneron et ses ouvriers, trouvent par hasard, à huit ou neuf pieds sous terre, un amas métallique constitué de bijoux, de milliers de monnaies et de quelques pièces d’argenterie de l’époque gallo-romaine. Quelques années plus tard, malgré une perte immense liée à la fonte d'une grande partie de ces objets d’arts et d'histoire, par des esprits cupides et peu regardants sur leur valeur archéologique, quelques uns se retrouvent au British Muséum de Londres, et d’autres, bien plus tard au musée de la civilisation gallo-romaine à Lyon. Témoignages contemporains de la découverte, nous connaissons une lettre écrite et une publication. Ces documents nous renseignent sur les circonstances de la trouvaille et sur la nature des objets mis au jour. La lettre est celle du Chevalier de Savasse, elle est publiée dans le << Recueil d’antiquité >> du comte de Caylus, ouvrage où sont publiées quelques gravures figurant notamment la statuette de Tutella, notre objet du mois. Pour autant, ces documents ne sont pas les seuls à en parler, car Emile Espérandieu, découvre dans une bibliothèque de Nîmes, un prospectus, par lequel un certain Denis Aulas, annonce la présentation de quelques pièces d’argenterie et des monnaies conservées chez sa Dame, et qu'il incite à aller voir. Denis Aulas était, au moment de la découverte, Procureur Syndic du Roy à Mâcon. Ce personnage intéressé par les objets anciens recueillit quelques pièces évitant ainsi leur recyclage par les orfèvres. Ces premiers passionnés par la collecte des vestiges qu'on ne qualifiait pas encre "d'archéologiques" étaient appelés "antiquaires". Les monnaies les plus récentes observées à l'époque étaient à l'effigie de Gallien, ce qui place l'enfouissement du trésor aux alentours de l'année 260 de notre ère. De là, est né l’interrogation du pourquoi et du comment, de l'existence d’un trésor aussi fabuleux que celui de Mâcon. Quels évènements ont amené les propriétaires de ces objets à les protéger en les enfouissant profondément sous terre ?
Les origines, quels points historique ? 259 – 260, la Gaule Romaine vit l’une de ses période les plus trouble de son histoire. Le terrible empereur Dèce est mort depuis quelques années et c’est l’empereur Valérien ( 257 – 260 ), qui a pris sa suite. Malgré une vague de répit, Valérien reprend les persécutions envers les chrétiens et pèse de tout son poids pour imposer à la société civile, une grande régénération de l’Empire, qui se christianise de plus en plus,et en particulier au sein de la haute aristocratie et de ses élites militaires et politiques. Celai crée une incertitude vis-à-vis du pouvoir central de Rome, mais alimente aussi une crise morale, religieuse, économique et fonctionnelle. De surcroît, cette crise contribue à affaiblir les frontières de l’Empire et fait perdurer l’anarchie militaire depuis 235 (anarchie militaire : 235 – 285 jusqu’à l’avènement de Dioclétien ). Les frontières extérieures devenant friables et soumises aux invasions barbares. La frontière du Rhin cède en 259-260 et des troupes d'Alamans déferlent sur la Gaule. Cette invasion est fort probablement à l’origine de l’enfouissement du trésor de Mâcon. L'Orient a aussi connu des troubles sur ses frontières, et Shapur 1er, roi Sassanides est à l’origine de ces problèmes. La Gaule, riche province de l’Empire, est prospère grâce à ses terres arables : blé, avoines, seigle, millet, etc… . Mais la Gaule possède aussi un très fort potentiel minier, utile pour les arts de la guerre et le ravitaillement des unités militaires : fer, étain, cuivre, sel, etc…. Et malgré ce très fort potentiel, la Gaule connaît elle aussi une période de troubles sans précédent dans l’Histoire, mais elle reste attractive pour les peuples germaniques. Cette grande incertitude devant les raids dévastateurs des envahisseurs explique le désir des possédants d’assurer un avenir face à cette réalité effrayante du IIIe siècle, en cachant les trésors familiaux. Les origines du laraire où pourquoi trouve t’on une statue de la déesse Tutela dans le trésor de Mâcon ? Tutela Panthée est une des 8 statuettes conservées. Son examen nous révèle toute la portée symbolique de cette représentation de la divinité. Mais à ce sujet, grâce aux fouilles récentes, l’état de la documentation sur les premiers temps de l’Empire, est devenu plus riche, même si le IIIe siècle de notre ère, demeure une période charnière encore mal connue. Or, c’est à cette période qu’il faut placer l'enfouissement du trésor, probablement vers 260 apr . J.C., époque de l’invasion Alémanique.
Descriptif Ici, il s’agit d’une Tutela Panthée en argent conservé actuellement au Muséum de Londres et dont une copie a été faite pour le musée de Mâcon. D’une valeur exceptionnelle, mesurant 11 cm de hauteur, elle est pourvue d’ailes et d’un croisant de lune. h. du socle 3 cm ; h. de l’autel 1,5 cm. Poids 213,76 g.
Coulée sans soudure, en une fois sauf les avant bras, avec leurs attributs. Les zones en saillie du socle à la paroi cannelée sont dorées au feu, comme le bord des vêtements, la patère et beaucoup d’autres parties. La déesse, vêtue d’un chiton et d’un manteau, se tient vis-à-vis d’un petit autel allumé et présente une patère à la main droite. La statue est complète. La surface est, par endroit, endommagée.
Ainsi d’après l’analyse métallographique, la statuette et la base contiennent plus d’or que la normale. Ces proportions n’étaient sans doute pas intentionnelles, mais résultent du mélange accidentel d’or ou d’argent doré avec de l’argent réutilisé pour exécuter les objets. ( descriptif du British Museum, Department of Greek and Roman Antiquies, GR 1824.24.1 ).
Tutela porte dans le dos deux ailes, finement ciselées sur leur côté extérieur dont les extrémités sont liés par un croissant de lune couronnée de sept bustes. A mi-hauteur sont placés les bustes drapés des Dioscures ; ils portent une étoile dans leurs cheveux tombant sur leurs épaules.
Comme eux, les bustes sur le croissant sont terminés par un globe.
De gauche à droite se succèdent : Saturne, Sol, Luna, Mars, Mercure, Jupiter, Vénus, donc les dieux de la semaine: samedi, dimanche, lundi... La statue était en possession de Denis Aulas et elle est mentionnée par le chevalier de Savasse comme une Cybèle, identification suivie par Payne Knight qui remit les objets au British Museum au XIXe siècle.
Conclusion : La statuette de Tutela, dans son mélange de forme artistique et d’expression religieuse, est bien l’exemple le plus signification des hautes capacités des orfèvres gallo-romains à la fin du II ième siècle. Bibliographie : Martine Joly, François Baratte, Jean-claude Béal sous la direction de François Baratte, décembre 2007, Autour du trésor de Mâcon : luxe et quotidien en Gaule romaine, ISBN 13 978 – 2- 9527585 -1 – 2 ; EAN 9782952758512 François Leyge, conçu et rédigé sous la direction de François Baratte et Kenneth Painter, Editions de la Réunion des musées nationaux , Février 1989 , Trésor d’orfevrerie gallo- romaine, ISBN : 2.7118.2238.9 , EC – 40.2238 ; art. 140. Statue de Tutela Panthée, p. 194 – 195 Michel Ivanovic Rostovtseff, Collection Bouquins collection dirigée par Guy Schoeller, Histoire économique et sociale de l’Empire Romain , préface de Jean Andreau, édition de Robert Laffont, Oxford University Press 1957, réedité en 1988 pour Robert Laffont, IBSN 2 – 221 04587 – 4 Jaume Aurell Cardona, Daniel Alcoba, M. Angèles Ibanez, Juan Pablo Sanchez, Histoire et civilisation National geographic, collection présentée par Jacques Le Goff, La chute de l’empire, édité par RBA France, Sarl, ISBN 978-2-8237, imprimé avril 2014 Groupement archéologique du Maconnais, année 2007, bulletin N°2, GAM Info., bulletin annuelle a périodicité variable. Florence Braunstein et jean François Pépin La culture générale : histoire, géographie, art, littérature, pour les nuls ; First éditions , dirigé par Benjamin Arranger ; édité au mois de janvier 2010.
Petite précision : au final, une petite partie du trésor de Mâcon (8 statuettes et 1 plat) a été récupéré et mis à la disposition du British Muséum de Londres.
Remerciements à Daniel Barthelèmy, notre maistre en archéologie, mais aussi à Nicolas Trouilloud pour ses prises de vues et son action participative à cet article. Article réalisé par Frédéric Peulson, technicien stagiaire.
Date de création : 27/11/2014 @ 16:19
Dernière modification : 18/06/2015 @ 15:35
Catégorie : Histoire d'Objets
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