LES AGRAFES A DOUBLE CROCHET

Par Stéphane BAS

Si on retrouve le plus souvent des agrafes à double crochet dans des contextes funéraires (ce qui a longtemps fait penser qu’elles avaient une fonction exclusivement funéraire), il est aussi possible d’en retrouver dans des contextes d’habitat. Cependant, durant les quelques siècles d’utilisation, leur morphologie n’a que très peu changé, ce qui les rend malheureusement bien souvent difficiles à dater. Toutefois, les nombreuses prospections (une fois mise en relation) nous révèlent que si les premières agrafes à double crochet apparaissent dès l’Empire romain dans le nord de la France, il en est tout autrement concernant la côte méditerranéenne où les plus anciens modèles seraient de l’époque mérovingienne, plus précisément fin VIème, début VIIème. Ainsi, on peut donc observer  que cet objet s’est répandu du nord au sud, provenant de l’influence germanique.

La grande majorité des agrafes trouvées sont en bronze, quelques unes en argent, et très rarement en fer et souvent très oxydées, empêchant leur identification.

Elles sont caractérisées par un corps à la morphologie très variable, de section  massive, prolongées de chaque côté par deux extrémités effilés et ramenées vers l’intérieur.

Généralement d’une taille comprise entre 15 et 40 mm, elles peuvent être perforées au centre, ce qui permettait de fixer une chainette ou un fil cousu au vêtement, et évitait ainsi la perte de l’objet.

Les autres, non percées, servaient surtout à agrafer deux parties d’un vêtement et servaient aussi d’agrafes de linceuls, d’où leur appellation d’autrefois, d’agrafes de suaire.

Découverte en Mâconnais

En 1959, les fouilles d’une tombe avaient mis au jour au Prado de Salornay à Charnay-lès-Mâcon, deux agrafes non percées. En 1964, c’est en fouillant trois tombes à Hurigny que deux nouvelles agrafes non percées ont été mises au jour. Aussi, à Verzé, en 1973, deux agrafes sont retrouvées, encore une fois dans des tombes ; l’une a un décor presque identique à celles du Prado (Poirrier 1974).

Plus récemment, trois nouvelles agrafes percées ont été découvertes en Val de Saône.

La première est de section rectangulaire comportant trois épaulements, chacun marqués de deux traits, et dans le sens de la section, présence de plusieurs stries parallèles (L 22 mm).

La deuxième est de corps cylindrique, composée de d eux bourrelets de taille identique et décorés de stries longitudinales (32 mm).

La dernière est de section rectangulaire, ornée de strie en vis de chaque coté de la perforation (L 22 mm).

Elles pourraient dater de la fin du VIème siècle début du VIIème siècle.

Malgré les découvertes en nombre de ce type d’objet, les agrafes suscitent toujours de nombreuses questions quant à leur datation et restent encore assez méconnues, du fait peut être, du peu de travaux scientifiques qui leur ont été consacrés.

BIBLIOGRAPHIE

 GAILLARD DE SEMAINVILLE 1980 : GAILLARD DE SEMAINVILLE (H.). – les cimetières merovingiens de la cote chalonnaise et de la cote mâconnaise, revue archéologique de l’Est, Tome XXXI, n° 121-122,1980, 249 p., 63 pl.

PETREQUIN et al. 1980 : PETREQUIN (P.), PETREQUIN (A.-M.), CASTEL (B.), CHABEUF (M.), CHAIX (L.), FOURNIER (G.), GAILLARD DE SEMAINVILLE (H.), LUNDSTROM-BAUDAIS (K.), MONNIER (J.-L.), ODOUZE (J.-L.), PARISOT (J.-P.), REYNAUD (C.). –  le site funéraire de Soyria, Revue Archéologique de l’Est, Tome XXXI, n° 121-122, 1980, pp. 157-230.

PERRUGOT et al. 1987 : PERRUGOT (D), PRAMPART (J.-Y.), PESEZ (J.-M.), PIPONNIER (F.), BECK (P.), POISSON (J.M.). –  le village et la vie rurale,  in Bourgogne médiévale la mémoire du sol, 1987, pp. 125-161

POIRRIER 1974 : POIRRIER (M.).- bulletin du comité départementale de la recherche archéologique de Saône-et-Loire, 1974, pp. 24-25.

Référence internet : http://legio6victrix.com/archeologie/les-agrafes-a-double-crochet/