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Habitat rural en Mâconnais - par daniel le 27/04/2014 @ 17:41

 

Habitat rural en Val de Saône et Mâconnais

Un exemple à Sancé

Pour une approche archéologique

 

- Avec nos remerciements à Philippe Gonod de l'Institut de Recherche du Val de Saône Mâconnais -

 

Le constat que l’on peut faire est que les études menées sur l'habitat traditionnel en Mâconnais correspondent à un état des lieux de l’existant. Nous avons ainsi à disposition des typologies détaillées, mais celles-ci ne prennent pas  en compte la dimension chronologique de la problématique de l’habitat et les phénomènes d’évolution.

La distinction se fait entre les constructions à cour fermée du val de Saône dîtes courts et les habitats à galerie ou aître du secteur des collines. Ces dernières correspondent à un habitat agricole tourné vers la viticulture. Le pressoir et la cave étant des éléments constitutifs essentiels. Nous en avons un exemple pour la fin du XVIIIe s. avec le terrier de Chasselas.

 

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Extrait du terrier de la commune de Chasselas, 71 (1784). Exemple d’un habitat en Mâconnaos, secteur des collines. Sont mentionnés le pressoir, la cave, le four et la maison ;à l’arrière nous notons la cour et fenil, puis un jardin et une chenevrière (doc ADSL 71).

 

L’exploitation agricole du val de Saône est davantage tournée vers l’élevage et la production céréalière avec une grange et une étable comme principaux éléments du bâti, à coté de la maison comme le montre en 1736, le cadastre de Grièges, commune de l’Ain, en rive gauche de la Saône.

 

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Extrait du terrier de la commune de Grièges, 01 (1736). Exemple d’un habitat en val de Saône. Sont mentionnés, à droite la maison et la chambre, et à gauche, séparées par un porche, la grange et la buge (étable). Mairie de Grièges (cliché D. Barthèlemy).

 

Si les constructions de la plaine de Saône utilisent souvent le pisé, les bâtiments de la côte sont en pierres. Le point commun étant le toit plat à tuiles creuse (ou tuiles canal, ou romanes, ou tige de botte), affichant ainsi un réel caractère méridional, et se distinguant des toits pentus, ou aigus, qui se généralisent au nord de Tournus.

 

Ce constat étant fait, la chronologie de la mise en place de ces modèles reste indéterminée. Gabriel Jeanton jette hardiment un pont entre les ensembles à cour fermée de la plaine de Saône et les établissements agricoles mérovingiens et carolingiens. Ces regroupements d’habitats dénommés parfois quart (pour quartier) ou meix (dérivé de mans) sont pour lui les héritiers directs d’une tradition architecturale plus que millénaire. Cette vision fixiste ne s’appuie en tout cas pas sur des observations archéologiques.

 

De même l’habitat vigneron des villages de la côte n’est certes pas là de toute éternité. La maison à galerie, emblématique de l’architecture rurale mâconnaise est à n’en pas douter le fruit d’une culture associant des pratiques architecturales et un type de production agricole, les deux ayant par nature, connu des évolutions au cours du temps.

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Maison mâconnaise à galerie, Bussières (71). Dessin Michel Bouillot.

 

 

Les données archéologiques sont fondamentales, quand elles peuvent être recueillies, pour saisir ces phénomènes d’évolution que nous ne pouvons actuellement que raisonnablement supposer. En 2011 et 2013, deux diagnostics de l'Inrap, réalisés sur la commune de Sancé, au nord de Mâcon, ont permis d'esquisser ce que pourrait être cette problématique de l'étude l'évolution de l'habitat rural. Ces deux opérations conduites par Pierre Quenton sur le projet de la ZAC centre bourg, ont amenés la mise au jour de deux bâtiments datés fin XVe siècle / XVIe siècle.

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Le site du centre bourg à Sancé (Cliché DB)

 

L'approche de ces constructions n'a été que partielle mais il est apparu que les bâtiments avaient été édifiés sur des fondations de pierre et qu'ils avaient une toiture de tuiles canal. Ces deux observations nous indiquent donc que l'usage de la pierre pour l'habitat rural est clairement attesté à la fin du Moyen Äge, tout comme celui de la tuile, ce qui est reconnu à Mâcon. La fouille globale de ces demeures aurait probablement permis d'apporter d'autres données notamment sur la destination possible de ces habitats. Ainsi, un gros bloc calcaire retrouvé sur le sol d'une pièce du bâtiment identifié en 2011, aurait pu servir d'appui pour l'installation d'un pressoir.

 

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2011, dégagement de l'intérieur d'une pièce. Sous un niveau de démolition riche en tuiles, apparition d'un bloc taillé en réemploi, support de pressoir ? (Cliché DB)

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2013, découverte d'un second bâtiment (Cliché DB).

 

Ces exemples nous permettent d'esquisser un champ de recherche tout à fait intéressant qui pourrait apporter des données inédites pour enrichir notre connaissance du patrimoine architectural de notre territoire.

 

Eléments de Bibliographie

 

L’habitat en Mâconnais, val de Saône et collines, a été étudié et décrit par divers auteurs, dont :

 

Gabriel Jeanton, Le Mâconnais traditionnaliste et populaire, Imp. Protat, Mâcon, 1920, 4 tomes.

 

Richard Bucaille, Laurent Lévi-Strauss, Bourgogne, L’architecture rurale française, corpus des genres des types et des variantes, Musée national des arts et des traditions populaires, Berger-Levrault éditeur, 1980, 325 p.

 

 

 


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