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Nous mesurons, ils mesuraient '2) - par daniel le 27/11/2015 @ 12:27

Nous mesurons, ils mesuraient (2)

 

En 1991, à Mâcon, cours Moreau, les travaux de terrassements liés à la construction de la maison médicale du clos de la Moussière ont révélé la présence d’un dépotoir de potier gallo-romain. Une quantité  très importante de tessons de céramique a été alors recueillie correspondant à plusieurs centaines de vases. Il s’agit d’une production de vases de cuisine et de stockage en céramique tournée de couleur grise à pâte grossière. Ce type de vaisselle correspond à la catégorie la plus abondante dans les sites fouillés en milieu urbain ou en milieu rural.

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Les formes qui constituent ce vaisselier sont les pots, les pichets, les bouilloires, les marmites, les plats à cuire, les mortiers et les couvercles.

 

Cette production a pu être datées du IIe siècle après J.-C. grâce en particulier à une série de monnaies en bronze.

L’intérêt de ce dépotoir est qu’il a été possible de reconstituer un certain nombre de ces récipients et de dresser un catalogue assez complet de la production de cet atelier.

Une chose est alors apparue pour la catégorie des pichets. Ceux-ci se répartissaient selon trois modules. Pour le petit module et le module moyen, la reconstitution des vases nous permettait d’en mesurer la capacité. Cette opportunité s’avérait fort intéressante. En effet, au delà des observations concernant la typologie et la chronologie de ces poteries, essayer de déterminer si elles avaient été fabriquées selon des gabarits pré établis répondant a des mesures de capacité en usage à l’époque gallo-romaine, pouvait enrichir notre connaissance de cette période.

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Le résultat de cette recherche fut extrêmement concluant. Le petit module de pichet avait une contenance de  quelques 0,82 litre ce qui correspond à 3 hémines en mesures romaines. L’hémine (heminia) correspond à 0,2736 de nos litres. Elle est la moitié du setier (sextarius) et le double du quartarius, qui comme son nom l’indique est le quart du setier. Ce dernier constitue l’unité de ces mesures de capacité. Le module moyen des pichets s’est révélé avoir une contenance triple par rapport au petit module, soit 9 hémines.

 

Rappelons que les systèmes de mesure des romains sont en base 12, ce qui permet de jongler avec les quarts, les tiers et les doubles.

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La catégorie des pots est la plus importante en nombre de vases et en variété des modules. A priori, il n’était pas forcément évident de discerner une production de récipients calibrés. Pourtant à l’issu des mesures et calculs, nous avons pu établir une série de modules se déclinant toujours selon l’hémine : 2,5 / 3 / 4 / 5/ 6. Pour les capacités plus importantes les résultats sont incertains mais nous pouvons proposer des modules de 7, 10 et 12 hemines, de 12 et 24 setiers.

 

L’ensemble de ces résultats permet d’apporter un autre regard sur ces objets qui constituent souvent la masse la plus importante des vestiges mis au jour et qui ne suscitent qu’un intérêt secondaire auprès des archéologues.   

 

La nécessité d’avoir des récipients calibrés est somme toute une nécessité évidente dans une société où les produits solides ou liquides sont commercialisés à une échelle qui s’échelonne du marché local  jusqu’aux échanges à grande distance.

 Bibliographie

Barthèlemy 1996b : BARTHELEMY (D.). - Etude d'un dépotoir de vaisselle culinaire du IIe siècle, fouille de la maison médicale du clos de la Moussière, cours Moreau à Mâcon, S.F.E.C.A.G., actes du colloque de Dijon, 1996, pp. 141-153.

 

 


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